Enrico PAZZI (1818 – 1899) – Sculpteur, il réalise notamment la statue de Dante érigée sur le parvis de la basilique Santa Croce de Florence

3 lettres autographes signées adressées au marbrier Jean-Bernard Sancholle-Henraux, dont une avec esquisses préparatoires à sa statue de Savonarola – 3 pp. in-8 et 2 pp. de dessins.

Belle correspondance enrichie d'esquisses

– S.l., c.1865 – 3 pp. in-8 dont 2 de dessins :

« Pregiatissimo Sig[n]or Cav[alie]re
Le misure qui unite sono precise tanto in altezza che in larghezza. Il mio giovane che mi aveva dato le prime, come vede da se, si era tenuto molto abbondante per larghezza e corto per altezza. Per esempio, di faccia è meno centimetri 50, e di fianco è meno di cen. 74. Per cui ci sono molto meno palmi di quello che presentava la prima misura e certamente starà benissimo nel carro. Ho già messo mano a fare il bozzetto in marmo e penso che fra 10 giorni il mio mozzatore potrà essere a Seravezza. Il Barone de Franceschi lo riverisco tanto, mi continui la sua benevolenza e mi creda sempre suo obb
[lig]ato »

Traduction : Très cher Chevalier. Les mesures ci-jointes sont précises tant en hauteur qu'en largeur. Mon jeune assistant, qui m'avait donné les premières mesures, comme vous le voyez par vous-même, avait été très généreux pour la largeur et court pour la hauteur. Par exemple, de face elle fait 50 centimètres de moins et de profil 74 centimètres de moins. C’est pourquoi il y a beaucoup moins d’empans que la première mesure et elle tiendra certainement bien dans le chariot. J'ai déjà commencé à faire la maquette en marbre et je pense que dans 10 jours mon tailleur de pierre pourra être à Seravezza. Tous mes respects au baron de Franceschi, Gardez-moi votre bienveillance et croyez-moi toujours votre obligé

Le marbrier Jean Bernard Sancholle-Henraux installé à Paris, rue Caumartin, exploite et importe les marbres de Carrare et de Seravezza, dans la province de Lucques en Toscane, avec l’aide de son oncle établi sur place depuis 1841. Destinée à être placée dans le couvent de San Marco, la statue de Savonarole devait être initialement réalisée par Giovanni Dupré, un ancien mentor de Pazzi. Ce premier choix est cependant désavoué par un second comité, présidé par le prince Ferdinando Strozzi, qui lui préfère l’œuvre de Pazzi, plus grandiose et plus anti-papale. L’œuvre de Pazzi, dont la genèse remonte à 1861, n’est achevée qu’en 1875 et trouvera finalement sa place dans le Palazzo Vecchio, avant d’être déplacée Piazza Savonarola.

Firenze, 10 mars 1865 – 1 page in-8.

« Sig[no]r Cavaliere/Mi prendo la libertà d’inviarla mia fotografia della medaglia da me eseguita recentemente in bassorilievo, e che adesso si stà coniando dal Municipio Fiorentino per attribuirsi nelle feste del Centenario. Colgo questa occasione per ripeter Mi con distinta stima e considerazione. Suo devoto serv[ito]r[e] »

Traduction : Je prends la liberté d’envoyer ma photographie de la médaille que j’ai exécutée récemment en bas-relief, et qui à présent est en train d’être frappée par la Mairie de Florence, pour être attribuée lors des fêtes du Centenaire. Je profite de cette occasion pour me rappeler à votre estime et considération distinguée. Votre serviteur dévoué.

Les 13 et 14 mai 1865, devant la basilique Santa Croce qui renferme son tombeau, est célébrée le 6e centenaire de la naissance de Dante. La statue du poète, œuvre de Pazzi, culmine sur le parvis à plus de 10m, sur un piédestal monumental. Pour l’occasion Enrico Pazzi a réalisé une médaille, qui sera offerte au roi Victor-Emmanuel.

Firenze, 17 janvier 1874 – 1 page in-8.

« Pregiatissimo Sig[no]r Bernardo
Avrei desiderato venirci di persona da Lei, ma i gelloni me lo vietano, non essendo possibile tenere a largo le scarpe, per cui sono costretto di scriverla questa mia per pregarla di volermi dire il ristretto costo del blocco, della misura qui unita, seconda qualità, che avrà circa palmi 700, pezzo sagomato, e posto sopra al vagone alla stazione di Querceta, onde io posso scrivere alla commissione per averne l’autorisazione dell’aquisto. Scusi tanto della libertà che mi sono preso, facia i miei ossequi alla sua distinta famiglia, mi voglia bene e mi creda sempre con distinta stima suo dev
[oto] se[r]vitore

[En marge à gauche :] Se crede, puo dare la risposta al latore che è il da primi giovane dello studio. »

Traduction : Très cher Monsieur Bernard. J’aurais voulu venir en personne chez vous, mais les engelures me l’interdisent, car il n’est pas possible de garder des chaussures ; je me suis donc vu dans l’obligation de vous écrire cette lettre pour vous prier de bien vouloir me dire le coût minimum du bloc, de la taille ci-jointe, de seconde qualité, qui aura environ 700 empans, pièce profilée, et placé sur le wagon à la gare de Querceta, afin que je puisse écrire à la commission pour obtenir d’elle l’autorisation d’achat. Veuillez excuser la liberté que j’ai prise, transmettez mes hommages à votre excellente famille, gardez-moi votre affection et veuillez croire toujours à ma considération distinguée. Votre dévoué serviteur

[En marge à gauche] : Si vous le jugez bon, vous pouvez confier votre réponse au porteur qui est depuis le début apprenti de l'atelier.

Par concordance de dates, ce courrier concerne probablement ses travaux pour la statue du Prince Michele Obrenovitsch de Serbie (1883). L’œuvre étant en bronze, la commande concernerait le soubassement, pour lequel un marbre de seconde qualité peut être suffisant.

Pli d’usage, voir photos.