portrait de

Jean Lefebvre de Cheverus

gravure exécutée en 1836

Dimensions toute la feuille 21,5x13 centimètres

Document authentique et original du XIXe siècle

Jean de Cheverus, de son nom complet : Jean-Louis-Anne-Magdeleine Lefebvre de Cheverus, né le 28 janvier 1768 à Mayenne et mort le 19 juillet 1836 à Bordeaux, est un cardinal français, archevêque de Bordeaux.

Le cardinal de Cheverus est issu d'un e vieille famille de robe originaire deMayenne. Son père, Jean-Vincent de Cheverus, était juge général civil et de police à la barre ducale de Mayenne. Il est l'oncle de Mgr de La Massonnais. Il effectue ses études jusqu'à la quatrième au collège de Mayenne. Les armes de la famille Lefebvre de Cheverus sont "D'argent, à la croix ancrée de sable".

Il reçoit la tonsure en 17805, où il devient prieur de Torbéchet malgré son jeune âge. Il continue ses études littéraires à Paris avec distinction au collège Louis-le-Grand à Paris en 1781. S'étant destiné à l'état ecclésiastique, il étudia la théologie au séminaire Saint-Magloire, tenu par les oratoriens, et s'y lia avec l'abbé de Maccarthy, qui était du même âge et qui, se fit tant de réputation dans la chaire. Jacques-André Émery, supérieur général de la Compagnie des prêtres de Saint-Sulpice voulut lui offrir une place gratuite dans son séminaire ; mais le jeune de Cheverus était trop attaché aux directeurs de Saint-Magloire pour les quitter : la reconnaissance l'empêcha d'accepter.

Il est ordonné diacre en octobre 17907, et n'avait pas vingt-trois ans lorsqu'il fut ordonné prêtre, le 18 décembre 1790 par dispense spéciale, à la dernière ordination publique qui se soit, faite à Paris avant la Révolution française, le 18 décembre 1790.

Déjà les biens du clergé étaient envahis, la constitution civile du clergé décrétée, le serment prescrit à tous les ecclésiastiques, sous peine de déchéance ; le jeune prêtre retourna dans son diocèse.

Son oncle, curé de Mayenne, alors infirme et paralytique, le demanda comme coopérateur sous le titre de vicaire ; l'évêque du Mans le nomma en même temps chanoine de sa cathédrale. Il refusa le serment le 12 février 1791, exerça son ministère en secret. Sa prudence déjà connue et appréciée avait porté l'évêque du Mans à lui donner des pouvoirs de grand vicaire. À la mort du curé de Notre-Dame de Mayenne, 24 janvier 1792, l'évêque donne à son neveu les pouvoirs de curé et de vicaire général.

Obligé de quitter Mayenne au printemps de 1792, ainsi que tous les ecclésiastiques insermentés du département, il eut ordre de se rendre à Laval, où il dut être en surveillance et se présenter chaque jour aux autorités. Urbain-René de Hercé, évêque de Dol, était à leur tête. Le décret du 26 août 1792 condamna à la déportation les prêtres insermentés. On donna à ceux de Laval des passeports pour se rendre en pays étrangers ; Cheverus en prit un pour la Grande-Bretagne, et passa par Paris, où il arriva au moment des massacres de septembre. Il se cacha pendant ces journées, et partit bientôt pour laGrande-Bretagne, sans connaître la langue de ce pays, et n'ayant pour toutes ressources que 500 francs.

Le gouvernement britannique accordait alors des secours aux prêtres français réfugiés ; Cheverus ne voulut pas en profiter, et il réussit à pourvoir lui-même à ses besoins, en se plaçant comme professeur de français et de mathématiques chez un ministre protestant qui tenait une pension. Au bout d'un an, il sut assez l'anglais pour se charger du service d'une chapelle catholique et y faire des instructions. En même temps, on lui proposa de se mettre à la tête d'un collège à Cayenne.

Heureusement il crut ne pas devoir accepter. En 1795, l'abbé François-Antoine Matignon, ancien docteur et professeur de Sorbonne, l'appela en Amérique (Nouvelle-Angleterre), où son zèle, ses vertus pourraient se déployer sur un plus grand théâtre.

À son arrivée à Boston, le 3 octobre 1796], l'abbé de Cheverus trouvait un champ immense ouvert à son zèle Les esprits, divisés en plusieurs sectes religieuses, n'étaient pas favorable à ce qu'ils appelaient le papisme.

L'abbé de Cheverus s'appliquait aux études qui étaient le plus en honneur à Boston

Mgr John Carroll, évêque de Baltimore, informé de tant de vertus et de talents, lui proposa la cure de Sainte-Marie, à Philadelphie ; mais il ne pouvait quitter Matignon, qui l'avait appelé de Grande-Bretagne. Bientôt il se livra avec un nouveau zèle à ses, travaux évangéliques, en visitant les catholiques des environs de Boston, qui n'avaient point de prêtres, et passant jusqu'à deux ou trois mois chez les Indiens de Passamaquoddy et de Penobscot18.

Après avoir passé trois mois au milieu de ce peuple, l'abbé de Cheverus repartit pour Boston. La fièvre jaune s'était déclarée dans cette ville (1798), et déjà de nombreuses victimes avaient succombé1.

Le nombre des fidèles s'accrut bientôt à Boston : les protestants eux-mêmes désiraient entendre les prédications et assister aux cérémonies si touchantes de l'Église romaine. L'abbé de Cheverus ouvrit donc une souscription pour bâtir une église dans cette ville. Le premier des souscripteurs fut le président des États-Unis, John Adams. Bientôt la souscription fut couverte des noms les plus honorables, tant protestants que catholiques. L'abbé de Cheverus éleva les mûrs jusqu'à la concurrence des sommes déposées entre ses mains ; mais, ces fonds épuisés, il arrêta tous les travaux, et jamais ils ne furent repris et continues qu'en proportion des fonds qu'il avait reçus. La dédicace s'en fit le 29 septembre 1803, avec une pompe qui produisit les plus heureuses impressions. Parmi les conquêtes qu'il fit alors au catholicisme, il faut citer la dame Elizabeth Ann Seton, fondatrice, dans la suite de la première communauté de femmes des États-Unis.