de Marcère



[PD3820]
Catégorie : CDV > portraits > Hommes politiques
Année : Circa 1870
Type : CDV, tirage albuminé, 6 x 10.5 cm, vintage albumen print
Format (cm): 6,5x10,5

vintage CDV albumen carte de visite, Émile Louis Gustave Deshayes de Marcère est un homme politique et magistrat français, né le 16 mars 1828 à Domfront dans l'Orne et mort le 26 avril 1918 à Messei.

Représentant en 1871, ministre, député de 1871 à 1884 et membre du Sénat, il est surtout connu pour avoir été le dernier sénateur inamovible de la IIIe République. Son action parlementaire, marquée par une vive défense des idées républicaines contre les attaques monarchistes, a contribué à affermir les institutions et à décentraliser le pouvoir, en donnant notamment plus de libertés aux conseils généraux et municipaux. Il participa également à la rédaction des Lois constitutionnelles de 1875.


Fils de Louis Émile Deshayes de Marcère (1791-1828), ancien garde du corps du roi, officier au 8e régiment d'infanterie légère, maire de Banvou (1826-1827), et de Renée Françoise de Neufville1,2, Émile de Marcère appartient à une vieille famille de Normandie, les des Hayes, maintenue dans l'élection de Rouen, le 13 novembre 1699. Cette famille possédait les fiefs nobles de Bonneval, Gauvinière et Marcère (ou Marçaire). Ses armes sont : De gueules, à la croix d'argent, chargée d'un croissant de sable en cœur et de quatre merlettes de même3.

Les débuts[modifier | modifier le code]
Lauréat de la Faculté de droit de l'Université de Caen, il soutient en 1849 une thèse intitulée Des actes juridiques entre époux4. Après avoir été attaché quelque temps au ministère de la Justice, il entre ensuite dans la magistrature sous le Second Empire et devient substitut à Soissons le 12 novembre 1853, puis à Arras le 1er janvier 1856, procureur à Saint-Pol-sur-Ternoise en 1861, président du tribunal d'Avesnes-le-Comte, en 1863, et enfin conseiller à la Cour impériale de Douai en 1865.

Le député[modifier | modifier le code]

Caricature d'Émile de Marcère par Charles Gilbert-Martin, 1875.
Il fit son entrée en politique en 1871, en publiant au moment des élections de l'Assemblée Nationale une Lettre aux électeurs à l'occasion des élections pour la Constituante de 1871. Élu député du Nord le 8 février 18715, il se rallia à l'idée républicaine et siégea au Centre gauche, groupe dont il fut l'un des fondateurs, et soutint la politique d'Adolphe Thiers. Il se montra attaché aux idées de décentralisation et au maintien des institutions républicaines, idées qu'il défendit dans une brochure intitulée La République et les conservateurs. Entre 1871 et 1875, il prononça de nombreux discours portant notamment sur l'organisation des conseils généraux et les élections municipales. Il attaqua très habilement la disposition de prorogation des conseils municipaux dans un projet de loi dont le rapport lui avait été confié et qu'il publia à profusion, aux frais des gauches, dans les départements. Le 27 février 1873, il réaffirma à la tribune de l'Assemblée Nationale une formelle adhésion à la République, en déclarant: "Dans un pays de démocratie et de suffrage universel, la République est seule possible". Il vota "contre" le septennat, considéré comme une manœuvre politique visant à faciliter la venue au pouvoir du comte de Paris, "contre" la loi des maires et contribua en mai 1874 au renversement du cabinet de l'ordre moral du monarchiste Albert de Broglie. Il vota l'Amendement Wallon sur les Lois constitutionnelles de 1875 et se retrouva ensuite membre de la Commission des Trente, chargée d'élaborer les lois constitutionnelles complémentaires. Le 20 février 1876, il est élu député du Centre gauche de la 2e circonscription d'Avesnes (Nord)6. Il avait déclaré dans sa profession de foi: "Aujourd"hui, la République est fondée; il faut la garder. Tout changement serait une cause de révolutions nouvelles et successives."

Le ministre[modifier | modifier le code]

Portrait d’Émile de Marcère en 1878 par Pierre Petit.
Entrée au Ministère de l'Intérieur et premières mesures[modifier | modifier le code]
Il entra au gouvernement présidé par Jules Dufaure le 11 mars 1876 comme sous-secrétaire d'État à l'Intérieur puis comme ministre de l'Intérieur (15 mai 1876) à la mort d'Amable Ricard. Il tenta alors, malgré les difficultés venues en partie de l'entourage du Maréchal de Mac-Mahon, quelques modifications dans le personnel de l'administration départementale et évoqua souvent l'intention du gouvernement de laisser plus de liberté dans les élections et sur la nomination de certains maires. Le 11 juillet 1876, lors du débat sur le mode de nomination des maires, Marcère s’oppose à Gambetta. Marcère défend la position conservatrice, celle de la nomination par le gouvernement, héritée du Second Empire. Son argument consiste à expliquer que les conseils municipaux ne sont pas encore entièrement acquis à la cause de la République. Gambetta, quant à lui, juge ce procédé incompatible avec un régime républicain. Lors du vote, l’Assemblée soutient Marcère7. Gambetta, ayant voté contre, lui aurait alors dit: "Vous l'avez emporté, mais c'est une victoire à la Pyrrhus, et vous vous en souviendrez!"8.

De l'opposition aux monarchistes à la crise du 16 mai 1877[modifier | modifier le code]
En butte aux attaques des monarchistes pour ses idées républicaines, il dut donner avec le gouvernement dont il faisait partie sa démission en décembre 1876. Jules Simon succède à Jules Dufaure comme Président du Conseil. Il devint alors président du parti de Centre gauche à l'Assemblée et remit en avant ses idées républicaines. En ralliant les Républicains à sa cause, de Devoucoux à Louis Blanc, il obtient la dissolution de la Chambre, à la suite de l'ordre du jour de défiance qui fut voté par le célèbre "Manifeste des 363" et qui demandait le 19 juin 1877 la démission du gouvernement d'Albert de Broglie formé le 17 mai "contrairement à la loi des majorités"9.

Article principal : Crise du 16 mai 1877.
Marcère parvient à se faire réélire le 14 octobre 1877 dans sa circonscription d'Avesnes (Nord)10. Nommé au comité directeur des gauches (comité des dix-huit), il forme, le 15 novembre 1877 une commission d'enquête parlementaire sur les agissements de l'administration née de la crise du 16 mai 1877. Devant la formation d'un nouveau gouvernement présidé par Gaétan de Rochebouët, franchement antiparlementaire, et dont les membres sont choisis en dehors de la majorité parlementaire, Marcère dépose une motion par 315 voix contre 204 dans laquelle la Chambre déclare refuser d'entrer en rapport avec lui et se décider à « ne reconnaître qu'un ministère formé selon les règles parlementaires et respectueux des droits du suffrage universel »11.

Mac Mahon se soumet, Marcère revient aux affaires[modifier | modifier le code]
Le maréchal de Mac Mahon, pliant devant l'attaque, se soumet et accepte de modifier sa politique, Marcère revint aux affaires le 13 décembre 1877 avec le portefeuille de l'Intérieur dans le nouveau cabinet Dufaure. Il remplaça, dès le 18 décembre, 83 préfets installés par le gouvernement d'Albert de Broglie en mai 1877 et montra un esprit très libéral pour toutes les élections en modifiant notamment le personnel des maires, dans un sens républicain. Il nomma ainsi un jeune sous-préfet, Paul Deschanel, futur président de la République. Il déclara à cette occasion qu'il irait "non jusqu'au bout de la légalité, mais jusqu'au bout de la liberté".

Scandale à la Préfecture de police et démission[modifier | modifier le code]

Le journal La Lanterne, à l'origine du scandale de la Préfecture de la Police.
Il conserva son portefeuille dans le cabinet de William Henry Waddington (4 février 1879) mais dut démissionner le 3 mars 1879 à la suite d'un scandale à la préfecture de police dévoilé par le journal La Lanterne, au sujet d'abus graves commis par la police. Marcère est en réalité soupçonné d'avoir couvert les agissements du Préfet de police, Albert Gigot, et ne pas avoir procédé à l'épuration des cadres de la Préfecture de police hérités du Second Empire. Interpellé par le radical Georges Clemenceau qui le somme de s'expliquer, il défend le même jour, à la tribune, la nécessité d'une police politique pour protéger la République de ceux qui ont encore l'espoir de la renverser :

« Est-ce qu'il n'y a plus de partis adversaires de la République? Certes ces partis sont impuissants, ils le savent bien, mais vous admettrez bien avec moi qu'il est utile qu'on les surveille et qu'on sache ce qu'ils font12. »

En réalité, Marcère fait les frais de pressions exercées par Gambetta qui jugeait le gouvernement trop ressemblant à ceux de la monarchie de Juillet13, en particulier dans ses aspects les plus conservateurs et autoritaires. Ne trouvant aucun appui dans les rangs du gouvernement et de l'assemblée, Marcère présente sa démission. Il est alors remplacé par Charles Lepère, précédemment ministre de l'agriculture et du commerce. Cette chute devait entraîner le déclin du Centre gauche, qui tenait le gouvernement depuis février 187614, et amorce l'avènement de la Gauche républicaine de Jules Grévy et Jules Ferry15.

Activisme parlementaire[modifier | modifier le code]
Il ne cesse cependant pas ses travaux parlementaires. En février 1881, il est rapporteur en faveur du projet de rétablissement du divorce. Il appuie également les projets de loi sur les délits de presse et de colportage. Réélu député le 21 août 188116, il dirige un temps le journal Le Soir (1882). En 1882, il est rapporteur du projet d'organisation municipale. Marcère ne délaisse pas la vie mondaine. Fréquentant le cercle de Juliette Adam, il estime que son salon « fut le centre du mouvement politique qui se produisait à Paris et dans les groupes parlementaires et son influence se fit sentir soit dans les délibérations de l'assemblée et des Chambres, soit dans la composition des ministères »17.

Le sénateur à vie[modifier | modifier le code]

Emile de Marcère, sénateur inamovible.
Marcère est élu sénateur inamovible le 28 février 188418, par 130 voix sur 16719. Il devient le président du Centre gauche à la Chambre haute et poursuit la même ligne politique qu'à l'Assemblée Nationale. Il rapporte le projet d'augmentation du nombre des conseillers généraux. Farouche défenseur des idées républicaines, il vote toutefois contre l'expulsion des princes. Le 13 février 1889, il soutient le rétablissement du scrutin d'arrondissement. Le 12 avril 1889, il est élu le 6e, par 187 voix, membre de la commission sénatoriale des Neuf, chargée de l'instruction et de la mise en accusation du Général Boulanger devant la Haute Cour de justice. Parallèlement, il fonde la même année un nouveau parti, "l'Union libérale" qui a pour but de moderniser le vieux Centre gauche20. Le 13 novembre 1897, il préside une commission extraparlementaire chargée de "rechercher les moyens propres à assurer une surveillance plus étroite des vagabonds et gens sans aveu, et à faciliter la découverte des auteurs de crimes et délits". En 1899, en plein cœur de l'Affaire Dreyfus, il prend la décision de rompre avec le "consensus républicain" et propose, dans la mouvance idéologique de la Ligue de la patrie française, une révision de la Constitution de 1875 qu'il avait pourtant contribué à rédiger21. Comme de nombreux hommes politiques de son temps, Marcère ne reste pas étranger au monde des Affaires; il est président du Conseil d'administration de la Compagnie des mines de Béthune et administrateur du Crédit foncier9. Il est un des fondateurs du Comité antimaçonnique de Paris, qui se transforme en 1904 en Association antimaçonnique de France22. Dans son Histoire de la République, Marcère se montre indulgent pour Mac Mahon, dont il minimise l'opposition aux Républicains en accusant l'influence de son entourage23, admire le royaliste Albert de Mun et ne cache pas son aversion pour le républicain Gambetta. Il publia en 1914 un ouvrage historique, Vision d'un siècle, rassemblant ses opinions sur l'évolution politique de la France au xixe siècle, ouvrage défendant sa vision d'une république libérale, conservatrice et favorable à la religion catholique, et professant des opinions antimaçonniques et antisémites, déjà très présentes dans son Histoire de la République, publiée de 1904 à 1910 :

« Telle était déjà à cette époque l'action de la Franc-Maçonnerie, qui sut tourner à l'avantage de son œuvre de ténèbres la notion si chère aux Français de la liberté [...] Les ennemis de notre race, qui tendent à la détruire dans ses éléments essentiels [...] ont travaillé dans l'ombre. »

— L'Assemblée nationale de 1871, tome II, p. 174
Il siégea au Sénat jusqu'à sa mort en 1918. Il était le dernier sénateur inamovible. Son corps est inhumé au cimetière de Banvou, dans l'Orne.

Famille[modifier | modifier le code]
Marié à Charlotte-Louise Simmonneau de Songois (1839-1870), il eut quatre enfants :

Édouard-Louis-Yves (né le 18 novembre 1858 à Arras, mort en décembre 1943), haut fonctionnaire, attaché au Ministère de l'intérieur (1878-1879), chef de cabinet du préfet de la Loire-Inférieure (1882), sous-préfet de Vire (1885), secrétaire général de la préfecture de l'Hérault (1887), puis d'Ille-et-Vilaine (1890), sous-préfet d'Abbeville (1891), préfet de l'Yonne (1896) et de l'Aube (1898), trésorier-payeur général de la Haute-Saône (1900) puis à la perception du XVe arrondissement de Paris (1900) et du XVIIIe arrondissement (1901), maire de Messei. Épousa Marie Flament. Il publia plusieurs ouvrages historiques24; sa fille, Odette de Marcère, meurt accidentellement, sans postérité.
Yvonne-Joséphie-Marie (1860-1920), propriétaire, sans alliance;
Gabrielle, morte enfant;
Renée-Émilie-Alexandrine (1866-1945) épousa Georges-Albert Christophle, le fils du député de l'Orne et ancien ministre des Travaux Publics Albert Christophle25.



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