Belle lettre Autographe avec un dessin comique du peintre Adolphe Léon Willette de 1917, il écrit à ses trois amis peintres de l'association culturelle de la manche, "Le Pou qui grimpe", dont il est le Parrain.
René Jouenne (1897-1923) dessinateur et peintre, il est un ami de Joseph Quesnel et de Jean Thézeloup avec qui il fonde l’amicale artistique nommée Le Pou qui grimpe. À Paris, René Jouenne collabore à des journaux satiriques comme « Le Rire » et « Fantasio ». À sa mort, il est inhumé au cimetière de Coutances, près de son ami Quesnel.
Joseph Quesnel (1897-1931) il fonde avec René Jouenne et Jean Thézeloup « Le Pou qui grimpe », groupement artistique et littéraire, qui fit les beaux jours culturels de Coutances notamment de 1915 à 1922. À Paris, Quesnel fonde une Société d'amateurs de gravures originales et la revue Le Chien de pique, où se côtoient : Chas Laborde, Dufy, André Derain, Otton Friesz, Marie Laurencin, Pierre Mac Orlan, Jules Pascin, Rouault, Fernand Fleuret, Max Jacob... Il loge dans l'appartement de Remy de Gourmont, travaille à la réorganisation de l'Imprimerie gourmontienne, bulletin trimestriel dont le but est notamment de recueillir la correspondance du maître et de publier ses inédits. Il multiplie les expositions et met en scène L'Ensorcelée, de Jules Barbey d'Aurevilly. Il édite de nombreuses brochures, parmi lesquelles La Petite ville, de Remy de Gourmont. En 1941, Edmond-Marie Poullain est le président du Comité normand des amis de Joseph Quesnel.
Lettre :
" La 1ère- " Il n'en a qu'un p'tit bout !...
Ah le malheureux jeune homme ! "
La 2ème " Il n'en a qu'un p'tit bout !
Pour ainsi dire pas du tout ! "
Thézeloup, Jouenne, Quesnel.
Mes trois chers amis.
Ce n'est pas la paresse mais d'abord le froid qui, en m'abrutissant, m'a empêché de répondre à vos lettres exquises, exquises par l'amitié, exquises par le talent. Puis ça été la bourgeoise (laquelle me charge de ses amitiés pour vous ) assez gravement malade, pour lors quand la maitresse de la maison elle est malade, rien ne va plus ! Si tellement vrai qu'ayant une moitié de kafard, j'ai du recommencer le travail d'un mois. Travail raté ! Puis ça était la chute de ma petite Françoise dans l'escalier !..nous l'avions cru tuée mais elle en est quitte pour une fracture de la clavicule. Alors elle trotte dans un appareil plâtré et ne veut pas passer pour avoir été blessée à la guerre...? Puis enfin c'est le tour de Maria qui se paye une rougeole dont nous redoutons la contagion pour Françoise peu en état de la supporter !... Alors tout ça joint à l'angoisse de l'heure noircit un tantinet ma verte vieillesse...ah verte !
Non rassurez-vous mes chers amis, le kafard ne m'aura pas et rien qu'à l'idée de notre prochain retour dans votre bon et beau pays, dans votre ville si charmante, si hospitalière j'ai même le sourire.
Voilà que j'ai éteint celui de Monsieur Pacquet en lui donnant le sien : en vérité, le séjour de la Ville Lumière ne lui aura pas été favorable à c'ti là : Je s'ais d'ailleurs, qu'en vous donnant cette nouvelle, je ne vous cause aucune peine. Je sais aussi que je ne suis pas parfait puisque je suis en train de commettre " Mon sixième pêché mortel " avec joie car j'ai réussi à me débarrasser de l'éditeur d'une façon qui en boucherait un coin à l'ami LeDenier auquel j'envoie mes meilleurs compliments car je suis courant de la vie Coutançaise par "les échos " et puis par "le Réveil " Ainsi je sais que Quesnel a trouvé une clef...était ce la clef d'une ceinture de chasteté ?... dessin mirifique pour les Echos.
Voici l'heure d'aller rêver de pommiers fleuris...bonne nuit, mes trois amis, je vous serre la main cordialement.
A.WILETTE
20 Fév 1917
Format : 20,5x15 cm
Sur papier filigrané Imperial Tresury De La Rue et adresse 28 rue Lacroix, Paris XVIIeme