L'ANE D'OR
REVUE LITTÉRAIRE MENSUELLE
MONTPELLIER
1923-24
9 NUMÉROS janvier 23 - février 1924

BON NIVEAU LITTÉRAIRE
ARTICLES
TEXTES LITTÉRAIRES
ET
CHRONIQUE DES LIVRES ET REVUES OU MUSIQUE

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Devenu rare !!!

Sommaire des 9 numéros en vente :

2e année, n° 1, janvier 1923
André Vialles, Paul Arnaud, Henry Cabrillac.
2e année, n° 2, février 1923
André Harlaire, Maurice Chauvet, André Vialles, Capitaine Oudinot, Eugène Causse
Manquent 2 dernières pages
2e année, n° 3, mars 1923
Henry Cabrillac, André Vialles, Maurice Chauvet, Paul Arnaud.

LE NUMERO 8 A ETE OMIS PAR LES ÉDITEURS .
2e année, n° 9, août 1923
André Harlaire, E.[Gabriel] Dol, Jean Catel [sur Cocteau], Henry Cabrillac, André Vialles, Eugène Causse.
2e année, n° 10, septembre-octobre 1923
André Vincent, André Harlaire, André Vialles, Raymond Lacoste, Henry Cabrillac, Paul Arnaud.
2e année, n° 11, novembre 1923
Henri Gautier du Bayle, André Vialles, Paul Arnaud, Jean Catel, Mario Montanard, Henry Cabrillac.
2e année, n° 12, décembre 1923
André Harlaire, Paul Arnaud, Henri Gautier du Bayle, Gabriel Dol, Henry Cabrillac, André Vialles

3e année, janvier 1924
Paul Jamati, Gaston Le Révérend, Pierre Montys, André Harlaire, Paul Arnaud, André Vialles, Henry Cabrillac, Eugène Causse.
L’Ane d’or organise une conférence de Paul Valéry le 22 janvier.
3e année, février 1924
Numéro spécial : La littérature espagnole contemporaine. Traductions inédites de Valéry Larbaud et Marcel Carayon.
Textes de :  Miguel de Unamuno, Azorin, Juan Ramos Jimenez, Antonio Machado, José Ortega y Gasset, Gabriel Miro, Ramon Gomez de la Serna.





1922 - 1926  L’Ane d’or

Fondateurs : André Vialles, Maurice Chauvet, Paul Arnaud, Henry Cabrillac et Eugène Causse (liste dévoilée dans le n° 6), plus Nicole pseud. de Robert Castagné (dévoilé au n°15).
Adresse : chez Eugène Causse, 12 rue Dom Vayssette, Montpellier
Abonnements : Librairie L’Ane d’or, 33 rue de l’Aiguillerie, et librairie Pierre André, rue de l’Université. Montpellier.
Imprimerie : Firmin et Montane, Montpellier.
Gérant : Panis (le gérant de La Lanterne de Diogène était "Marius")
32 x 62 cm. puis 25 x 16,5 cm. 
Exergue : “... Mais moi, je fus insensible à toute pitié, et d’une ruade, je l’étendis net sur le carreau. (Apulée. L’Ane d’or, Livre VI)”



               Cette revue regroupe la plupart des rédacteurs de La Lanterne de Diogène (voir la notice de cette revue pour quelques détails biographiques). Mais, 2 ans après, ces étudiants ont muri. Beaucoup ont été soldats, même si c'est, vu leur âge, pour peu de temps. Ils sont généralement marqués "à droite", parfois même très à droite, dans le sillage de Maurras et de l'Action Française, sans que la revue affiche d'ostracisme politique. Jean Millau sera, lui, grand Résistant, et homme de gauche affiché toute sa vie (sa fille, Marie-Thérèse Goutmann, sera sénateur et député communiste de Seine-Saint-Denis).
                Leurs ambitions littéraires ont aussi grandi. Leur connaissance de la littérature aussi. "Classiques", Paul Valéry est "leur" écrivain, mais aussi, pour certains d'entre eux, Jean Cocteau, Max Jacob et Valéry Larbaud qui fera un splendide cadeau à la revue : Septimanie. C'est dans L'Ane d'or qu'André Fraigneau publie sa première, et par cela même doublement époustouflante nouvelle Spectacles.
                  L'un dans l'autre, L'Ane d'or est la seule revue littéraire de niveau national parue à Montpellier durant l'entre-deux-guerres. 




Variations
                Le n° 9-10, juin 1922 marque un profond changement dans la revue. Les pseudonymes sont dévoilés. Lucius est Paul Arnaud, Chrysis Henri Cabrillac, Ménécrate André Viallès, Dirk Maurice Chauvet. Nicole veut encore garder son anonymat, mais nous savons, nous, depuis La Lanterne de Diogène, que c'est le pseudonyme de Robert Castagné
                 L’Ane d’Or  devient mensuel. Son format quitte celui du “journal” pour celui de la “revue” :  16,5 x 25 cm. Sa pagination passe de 4 à 36 pages. Il sort désormais de l’imprimerie de L’Economiste ( 9 Bd Jeu de Paume).
                 A partir du n°15-16, le nom des fondateurs figure sous le titre, Robert Castagné compris.
L’épigraphe d’Apulée, disparue depuis le changement de formule, revient en couverture dès le n° 17-18.
                 2e année, n° 1, janvier 1923 : imprimé par les Editions méridionales, Montpellier.
                 Le numéro 8  de la 2e année a été sauté lors de la numérotation.
                 En septembre-octobre 1923, H. Bedos remplace Panis comme gérant.
                 En décembre 1923 André Vialles, 25 rue de l’Aiguillerie, Montpellier, remplace Eugène Causse comme adresse postale de la revue.
                 A partir de la 3e année, janvier 1924, la revue n’est plus numérotée. Le sommaire figure désormais sur la couverture re-maquetée.
                 Eugène Causse 19 avenue de Toulouse reparaît alors comme destinataire des revues et publications.  Il deviendra, avec Graille et Castelnau, l’imprimeur de la revue en Juin-Juillet 24

Tonalité :
                 La revue commence comme une revue étudiante. Elle pourrait n’être que la suite de La Lanterne de Diogène. Elle contient des pastiches, des articles de critique encore un peu scolaires. Mais très vite, le ton monte, les ambitions naissent. L’Ane d’Or va devenir une véritable revue littéraire à mi-chemin entre les audaces des avant-gardes et le conservatisme des arrière-gardes. Seules les contributions de Georges Duthuit (l’historien d’art gendre d’Henri Matisse) auront un rapport avec le surréalisme. Les autres grands invités feront tous partie de la littérature moderne antérieure au surréalisme : Max Jacob, Paul Valéry et surtout Jean Cocteau et Valéry Larbaud. En fait, tous les auteurs extérieurs sollicités seront des valeurs confirmées de la littérature. Aucun des jeunes écrivains français, ceux qui auraient l’âge des responsables, n’est publié, ni même mentionné (sauf dans quelques compte-rendus de parutions).
                   L’Ane d’Or est aussi une revue ouverte sur le monde. Le premier numéro (et il ne sera pas le seul) est ouvert à la nouvelle littérature espagnole. Le dernier est consacré à Walt Whitman, et à travers lui à la littérature américaine.
                   A noter : il n'y a dans cette revue montpelliéraine aucune trace de littérature occitane. Mais dans l'ombre, Pierre Azéma prépare Calendau qui brillera de mille feux dans lesannées 30.


Piliers :
                 Au départ, un groupe d’étudiants, en droit pour la plupart, ou de très jeunes avocats. Paul Arnaud (mort en 1924), Henri Cabrillac, André Vialles, Maurice Chauvet, Robert Castagné et Eugène Causse. Tous laisseront une trace dans la vie montpelliéraine. Tous ont plus ou moins participé à La Lanterne de Diogène. A ce groupe il convient d’ajouter Henri Gautier du Bayle, un passionné de cinéma.
                 Et puis, il y a un acteur de la coulisse dont l’influence sur la revue devient vite prépondérante : Jean Catel (1891-1950). Ce professeur d'anglais à l'Université, meneur d'hommes s'il en fût, moteur de la vie littéraire et artistique de Montpellier entre les deux  guerres va ouvrir la revue à Cocteau (dont il a monté l’Orphée) et à la littérature américaine (il a fait sa thèse sur Walt Whitman et voyage aux Etats-Unis). Nous rencontrerons son fils Francis dans la revue Fenix




Paul Valéry, bien sûr, que L’Ane d’Or fait (re)venir pour une conférence le 22 janvier 1923 et qui fait l'objet de nombreux articles. 


                 Jean Cocteau sera par ailleurs un des auteurs de référence de la revue, grâce aux études qu’y publie Jean Catel. Mais, alors qu’il confie Cri écrit pour l’anthologie des Amitiés languedociennes, aucun texte de lui ne figurera dans L’Ane d’Or.
       

                  Plus inattendue la collaboration de Georges Duthuit, le gendre de Matisse et historien d’art, avec un texte d’obédience surréaliste consacré à Montpellier dès le mois de mai 1922. Ce texte, repris de la revue marseillaise La Criée sera complété par un autre, Un père, inédit celui-là, en octobre.
                  La présence du bordelais Henri Sauguet (il a 21 ans) est plus surprenante. A-t-elle un lien avec cet autre bordelais André Harlaire? 
Henri SAUGUET parle du Pierrot lunaire de SCHOENBERG

                   A partir de mai 1923, A. Viallès publie des lettres inédites de Charles-Louis Philippe

Grands régionaux :
Jean Soulairol, le poète catholique de Béziersa déjà publié plusieurs œuvres, dont La poésie française aux pays d’Oc en 1921, et dirige depuis la même année Le Publicateur de Béziers.
Louis-Jacques Thomas (1870-1945), sort de son rôle bien établi d’historien de Montpellier pour parler de son ami Soulairol.


Paul Duplessis de Pouzilhac (né en 1882-1958) a déjà à son actif la fondation de L’Echo des étudiants (ses démêlés avec Louis-Frédéric Rouquelle sont acérés), la participation à de nombreuses revues et la publications de recueils et de romans où la médecine se met au service d'une morale conservatrice. Il est, lors de sa participation à l’Ane d’Or  en juillet 1922 en train de penser à créer la revue Septimanie dont le premier numéro est publié à Narbonne au mois de novembre 1923.
Gaston Poulain est responsable de nombreuses vignettes non signées. Il sera conservateur de musée, auteur de livres sur Frédéric Bazille et Paul Valéry. Il a alors tout juste dépassé ses 20 ans. 


Grands débuts :
                 Pour la plupart des fondateurs, c’est le vrai début, après divers actions dans des journaux étudiants. Eugène Causse, Maurice Chauvet, se feront un nom à Montpellier.
       
                 Mais il ne faudrait pas oublier la partie graphique, confiée à des jeunes peintres qui, d’abord dans le cadre du groupe Frédéric Bazille (1937), puis Montpellier-Sète (1956), feront parler d’eux dans les décennies suivantes : Jean Millau, Gabriel Couderc, sous le patronage de Charles Eymar, dédicataire des textes montpelliérains de Carco et du Septimanie de Larbaud.

Réseaux et constellations :
                Le premier réseau, évident, est celui qui est issu des journaux lycéens et étudiants : L’Effort des Jeunes, La Lanterne de Diogène, L’Echo des étudiants fondés pendant la guerre de 1914. Tous les fondateurs en sont issus. C’est d’ailleurs sur cette ligne que le recrutement de collaborateurs étudiants se poursuit. Ainsi, la présence du bordelais André Harlaire ne témoigne pas de ramifications vers la Gironde, mais de la présence de l’auteur à l’Université de Montpellier. De même pour les antennes bitéroires, dont Jean Soulairol est le meilleur représentant.
                 Il est assez révélateur que l’anthologie Les Amitiés languedociennes, sous la direction d’Emile Carbon, ne soit pas patronnée par L’Ane d’Or.
                 Plus sérieux paraît le réseau de relations de l’activiste culturel et grand voyageur qu’est Jean Catel. Par lui, c’est une partie de la vie parisienne et new-yorkaise qui pointe son nez dans la revue.