Bon état En écrivant ses Pensées Marc Aurèle bâtit en lui-même une citadelle inaccessible aux troubles des passions. Mais cette citadelle où règne la sérénité n’est pas une tour d’ivoire dans laquelle il se réfugierait en un égoïsme transcendant elle est bien plutôt à la fois le haut lieu d’où l’on accède à un immense champ de vision et la base d’opérations qui permet d’agir au loin. Autrement dit les Pensées sont le livre d’un homme d’action qui cherche la sérénité parce qu’elle est la condition indispensable de l’efficacité et pour qui l’action humaine n’a de valeur profonde et durable que si elle s’insère dans la perspective du Tout de l’Univers et de la communauté de tous les hommes. Une telle attitude n’est autre que le stoïcisme lui-même précisément tel qu’Epictète l’avait révélé à Marc Aurèle. C’est pourquoi la présente introduction aux Pensées de Marc Aurèle pourra être lue en un certain sens comme une introduction au stoïcisme antique. N’y aurait-il pas finalement un stoïcisme éternel qui à travers le temps et l’espace serait l’une des attitudes possibles de la conscience humaine ?