180307/25-3

Jean Aicard naît le  à Toulon (Var). Une plaque signale sa maison natale. Il fait ses études à Mâcon, où il fréquente Lamartine, puis au lycée de Nîmes, puis en droit à Aix-en-Provence.

Venu à Paris en 1867, il y publie un premier recueil, les Jeunes Croyances, où il rend hommage à Lamartine3. Le succès qu'il rencontre lui ouvre les portes des milieux parnassiens, grâce à son cousin, Pierre Elzéar. En 1869, il collabore au deuxième recueil du Parnasse contemporain4. En 1870, une pièce en un acte est produite au théâtre de Marseille. Pendant la guerre, il reste à Toulon dans sa famille. Après la guerre, il assiste aux dîners des Vilains Bonshommes et participe à la création de la revue La Renaissance littéraire et artistique5. En 1874, il publie Poèmes de Provence, qui font de lui le poète de cette région. En 1876, il collabore au troisième recueil du Parnasse contemporain.

En 1894, il devient président de la Société des gens de lettres. Le guide Paris-Parisien, qui le considère en 1899 comme une « notoriété des lettres », note le « romantisme méridional »6 de son œuvre.

En 1909, il entre à l'Académie française au fauteuil de François Coppée.

Il est élu maire de Solliès-ville en 1920.

Jean Aicard meurt le  à Paris.

Jean Aicard est l'un des poètes représentés sur le tableau Coin de table (1872) de Henri Fantin-Latour.


Julien Viaud est le troisième enfant de Théodore Viaud, receveur municipal à la mairie de Rochefort, et de Nadine Texier-Viaud. Sa famille est protestante et pratiquante.

Sa sœur aînée, Marie, a dix-neuf ans de plus que lui, son frère Gustave, quatorze. Ses parents le gardent à la maison jusqu'à l'âge de douze ans et assurent son instruction. En 1862, il entre au lycée de Rocheforta, où il fait toutes ses études secondaires.

De 1862 à 1864, il passe une partie des vacances d'été chez un cousin, dans le Lot, où il découvre, dans le château de Castelnau-Bretenoux, les traces du passé. C'est de Bretenoux, pendant l', qu'il écrit à son frère Gustave, médecin de la marine, sa détermination de devenir officier de marine1.

Il évoque ses souvenirs dans Le Roman d'un enfantPrime jeunesse et Journal intime.

Il quitte Rochefort pour venir habiter une maison de Saint-Porchaire (Charente-Maritime) occupée par sa sœur Marie Bon, dessinatrice et peintre amateur de talent, épouse du percepteur de la commune, dont le nom lui déplaît et qu'il renomme Fontbruant dans ses ouvrages.

Tout près de là est situé le domaine de La Roche-Courbon, son « château de La Belle au Bois Dormant » — titre d'un de ses livres — alors inhabité, qu'il découvre avec émerveillement, ainsi que sa forêt et ses célèbres grottes, où il aurait découvert le plaisir charnel dans les bras d'une jeune bohémienne.

Le , son frère Gustave Viaud, meurt à bord d'un bateau au large de Ceylan. Son corps est ensuite immergé à l'endroit connu des marins sous le nom de Viaud Ridge, une chaîne de montagne sous-marine. Alors que ses parents le destinaient à faire Polytechnique, un procès perdu ruine sa famille et ils se rabattent sur l'École navale. Julien doit aller à Paris en octobre 1866 pour intégrer la classe préparatoire au lycée Napoléon (futur lycée Henri-IV) afin de préparer son concours2 . En septembre 1867, il figure sur la liste des candidats reçus à l'École navale, publiée par le Moniteur


En , il entre à l'École navale et passe cette première année à bord du ponton école Borda. À la fin de l'année 1869, à bord du vaisseau école à hélice Jean-Bart, il découvre Alger puis l'Amérique du Sud. En 1869, son père meurt. En 1870 il embarque comme aspirant de première classe et participe sur la corvette à hélice, Decrès, à la guerre contre l'Allemagne. Il sert également sur l'aviso à hélice Vaudreuil, qui fait escale à Dakar (du 8 au ), avant d'entamer une campagne en Amérique du Sud. C'est à Dakar que Pierre Loti « saisit ses crayons (comme plus tard il saisira sa plume) pour jeter sur son bloc de quoi se souvenir » (Cent dessins de Pierre Loti commentés par Claude Farrère, 1948, p. 18).

À la fin de l'année 1871, il embarque à Valparaiso sur le vaisseau amiral, la frégate mixte Floreb qui fait route vers Tahiti. L'ordre de mission est le suivant : « Rendez-vous à l'île de Pâques, rectifiez-en l'hydrographie incertaine, et rapportez une des statues préhistoriques qu'on dit s'y trouver3 » Il découvre l'île de Pâques, où la Flore fait escale, et débarque à Tahiti. La vieille reine Pomaré lui donne le surnom de Loti, du nom d'une fleur tropicale (). Tenu à une obligation de réserve du fait de sa qualité d'officier de marine, il n'en fait son nom de plume qu'à partir de 1876. Pendant son séjour, il écrit Le Mariage de Loti. Cet ouvrage constitue le livret de l'opéra de jeunesse de Reynaldo Hahn (1874/1947) sous le titre de L'Île du rêve créé en 1898 à l'Opéra-Comique à Paris4.

À la fin de l'année 1872, il rentre en France avec la Flore et le grade d'enseigne de vaisseau de deuxième classec.

En , il sert sur l'aviso à roues Pétrel sur les côtes de l'Afrique occidentale française. Au début de l'année 1874 il est « mis pour emploi » sur l'aviso à roue l′Espadond et rentre en France à son bord en .

À sa demande, il passe six mois à l'école de gymnastique de Joinville (dernier trimestre 1874, premier trimestre 1875). Au , il est nommé sur la frégate cuirassée Couronne.

En 1877, lors d'un séjour en Turquie, il rencontre Hatice (lire Hatidjé)5, belle et taciturne odalisque aux yeux verts, avec qui il vivra une très grande histoire d'amour. Hatice était une jeune Circassienne qui appartenait au harem d'un dignitaire turc. Avant le départ de Loti, Hatice confectionna une bague en utilisant ses propres bijoux et l'offrit à son amant. Sur la base de son journal, en 1879, il écrit Aziyadé, où il transforme certains détails, le livre se terminant par la mort des deux amants.

Plus tard, lorsque Pierre Loti revint à Constantinople, il se lança à la recherche de sa bien-aimée, et découvrit qu'elle serait morte à la suite de son chagrin et de l'ostracisme occasionné par son adultère. En 1892, il écrit Fantôme d'Orient, extrait du journal de ce retour qu'il lui dédiera.

En 1881, il est promu lieutenant de vaisseau et publie son premier roman signé « Pierre Loti », Le Roman d’un spahi.Il embarque en 1885 à bord de la corvette cuirassée Triomphante dans l'escadre de l'amiral Courbet. Le , la Triomphante regagne la France pour y être désarmée dans le port de Toulon. Pierre Loti assiste à la fin de la campagne de Chine puis séjourne au Japon, ce qui lui fournit la matière pour écrire Madame Chrysanthème.En 1883 paraît le roman Mon frère Yves dans lequel il décrit notamment sa vie à Rosporden où il séjourne à plusieurs reprises chez un ami, Pierre Le Cor. Pierre Loti est élu à l'académie Goncourt et participe à la campagne du Tonkin à bord de lacorvette cuirassée Atalante. Il publie le récit, heure par heure, de la prise de Hué dans Trois Journées de guerre en Annam, texte qui paraît dans les colonnes du Figaro. Loti est alors mis en disponibilité par le gouvernement de Jules Ferry qui lui reproche de dénoncer la férocité et la cruauté dont font preuve les soldats français. Le , Julien Viaud embarque sur le paquebot Château-Yquem à destination des îles Pescadores, qu'il quittera le .

En 1886, Pierre Loti publie son deuxième grand succès, Pêcheur d'Islande.

Deux fois, entre 1892 et 1898, avec une coupure de 3 ans de service à terre à la Préfecture maritime de Rochefort, le lieutenant de vaisseau Viaud commande la canonnière Javelot, stationnaire de la Bidassoa à Hendaye, où il achète une propriété. Il s'attache profondément au Pays basque qui lui inspire son roman Ramuntcho.

En , il fait l'objet, avec une vingtaine d'autres officiers supérieurs dont Savorgnan de Brazza, d'un « dégagement des cadres » et se trouve mis d'office à la retraite avec le grade de capitaine de frégate de réserve. Il dépose un recours au Conseil d'état qui lui donne raison et la décision ministérielle est annulée.

Après une mission aux Indes et en Perse pour le compte du ministère des affaires étrangères, il embarque sur le cuirassé Redoutable à bord duquel il participe à la guerre des Boxers en Chine. Il fait un nouveau séjour au Japon puis en Indochine où il visite les ruines d'Angkor.

De 1903 à 1905, il commande le croiseur-torpilleur (anciennement aviso-torpilleur) Vautour, bâtiment stationnaire à Constantinople, à bord duquel sert sous ses ordres l'enseigne de vaisseau Claude Farrère. Il écrit en 1906 le roman sur les harems turcs, Les Désenchantées. Le , il est promu capitaine de vaisseau et effectue encore une mission en Égypte.

En , il est admis à faire valoir ses droits à la retraite le  suivant6, il réunit en effet 40 ans de services dont 20 à la mer7.

Il a 64 ans en 1914 quand commence le premier conflit mondial avec l'Allemagne. Il veut reprendre du service, mais la marine nationale refuse de le réintégrer. Il s'engage dans l'armée de terre avec le grade de colonel. Il est successivement affecté à l'état-major du gouverneur général de Paris, le général Gallieni, puis aux états majors du groupe des armées du Centre et du groupe des armées de l'Est. Ses connaissances du monde arabe et de l'islam font qu'il est envoyé en mission de conseiller auprès du quartier général de l'armée italienne, en lutte contre l'Empire austro-hongrois allié des Allemands. Le , il est démobilisé pour raison de santé.

Mariages et vie amoureuse


Le , il épouse Jeanne-Amélie-Blanche Franc de Ferrière (1859-1940), d'une famille de notables bordelais : « Elle se tenait dans un clair salon Louis XVI, charmante en ses robes harmonieuses, sa douce dignité » (Jacques Chardonne).Le , dès son arrivée à Nagasaki, Loti épouse par contrat d'un mois renouvelable une jeune Japonaise de 18 ans, Okané-San8baptisée Kikou-San (Madame Chrysanthème). Le , âgé de 35 ans, il quitte Nagasaki. Ce mariage auquel les parents ont donné leur consentement a été arrangé par un agent et enregistré par la police locale. Il ne dure que le temps du séjour et la jeune fille pourra par la suite se marier avec un Japonais. Cette pratique est alors courante au Japon.

En 1887, elle met au monde un enfant mort-né, fait une forte poussée de fièvre qui la laisse à moitié sourde, puis, le , elle donne à Loti son seul fils légitime, Samuel Loti-Viaud dit Sam Viaud, qui, se promenant à cinq ans avec sa bonne au jardin public de Rochefort, répondit à une dame : « Je m'appelle Samuel Viaud et un peu Loti… »9.

« Au retour de ses voyages, Pierre Loti rentrait dans la maison de Rochefort où l'attendaient des êtres ardents et silencieux, des femmes actives qui s'obstinaient à retenir le passé » (Chardonne).

La gloire Candidat retenu par son service, il fut dispensé des traditionnelles visites à ses futurs pairs et fut reçu le  par Alfred Mézières.En 1888, Pierre Loti est élu à l'Académie Goncourt. Le , à 42 ans, il est élu à l'Académie française au fauteuil 13, au sixième tour de scrutin par 18 voix sur 35 votants contre Émile Zola en remplacement d'Octave Feuillet10.

« La société de Rochefort était extrêmement fière de posséder en ses murs Pierre Loti. Il était, depuis peu, de l'Académie Française, malgré certaines réticences de la docte assemblée. Les jeunes filles étaient folles de ses romans et portaient, à leur cou, dans un médaillon en forme de cœur (son) nom gravé [...]. Les dames qui fréquentaient Mme Viaud faisaient fi des rumeurs malveillantes. Elles avaient permis à leurs filles de lire Pêcheur d'Islande qui les avaient mises en larmes, mais faisaient des réserves pour certains romans tels Mon Frère Yves et Matelot qui, disaient-elles, n'étaient pas pour les jeunes filles. Celles-ci le lisaient en cachette et cherchaient en vain ce qui leur valait un tel ostracisme. Elles ne voyaient là que l'amour du prochain aux personnes d'un niveau social inférieur [...]. C'est d'ailleurs pour cette raison hypocrite que Loti fut admis par les académiciens (Journal de l'abbé Mugnier)11. »

Une « seconde famille » au Pays basque


Il loue alors à Hendaye la maison Bachar-Etchea, dite « la maison solitaire », que Crucita n'habite jamais car dès la conclusion de son « contrat » avec Loti, il l'emmène à Rochefort et l'installe dans une maison des faubourgs de la ville.En 1894 il rencontre Juana Josefa Cruz Gainza (1867-1949) dite « Crucita » à Hendaye, jeune femme d'origine basque qui devient sa maîtresse12.

Elle lui donne quatre fils non reconnus :

  • Raymond, né dans la nuit du  au  et mort en 1926, dit « Ramuntcho », qui épouse le  Denise-Marie-Zélia Boulleau (1902-1926); on peut voir en ce fils l'inspiration pour le roman du même nom Ramuntcho.
  • Alphonse-Lucien (-1975), dit Edmond ou Édouard, qui épouse le  Jeanne Georgette Barets, avec qui il a deux filles.
  • Charles-Fernand (-), dit « Léo »
  • André () mort-né ; Loti a alors 70 ans.

En 1896, sa mère, Nadine Texier-Viaud, meurt. En  Pierre Loti achète « autant pour les souvenirs d'enfance que pour toute la symbolique qui s'attache au passé protestant de la famille et aux persécutions religieuses vécues par certains membres de celle-ci au xviie siècle »13 la vieille maison familiale qu'il baptisa « la maison des Aïeules » – ses tantes – dans l'île d'Oléron, et dans le jardin de laquelle il se fait inhumer 25 ans plus tard, dans la simplicité traditionnelle des obsèques protestantes. Ce logis bourgeois de 1739 devient alors un lieu littéraire puisque ce fut le décor peint de sa pièce Judith Renaudin, jouée en 1899 au théâtre Antoine à Paris, et il le cite souvent dans ses ouvrages.

« En ce temps-là dans la paix bourgeoise du vieux logis […], j'avais par avance l'indestructible intuition de ce que me réservait la vie : héros de roman dont le nom ferait rêver les femmes de tous les pays » (Journal).

Fin de vie


En 1910, il séjourne à Constantinople et appuie la candidature de l'historien moderniste Louis Duchesne élu au fauteuil 36. En 1913, de retour à Constantinople, il lutte contre le démantèlement de l’Empire ottoman voulu par les puissances occidentales et publie La Turquie agonisante.Entre 1900 et 1902, il est mis en retraite puis réintégré dans la Marine (après s'être pourvu en Conseil d'État) pour laquelle il séjourne en Asie, ce qui va lui permettre d'écrire Les Derniers Jours de Pékin (1902) et L’Inde sans les Anglais (1903). À partir de cette même année, il séjourne vingt mois à nouveau à Constantinople chargée d'Orient, « la ville unique au monde »e, pour préparer Vers Ispahan (1904).

Il collabore à La Bonne Chanson, Revue du foyer, littéraire et musicale, dirigée par Théodore Botrel.

On cite cette anecdote : devant écrire à Victorien Sardou (qu'il n'aimait pas), il adressa la lettre à « Victorien Sardi, Marlou-le-Roi ». Comme il avait fait suivre sa signature de la mention de son grade, il reçut en réponse une carte libellée de ces mots : « à Monsieur Pierre Loto, capitaine de vessie »14.

« Ami du patrimoine »[modifier | modifier le code]


Il est entendu seulement en 1920, trois ans avant sa mort, par l'industriel rochefortais Paul Chènereau (1869-1967), qui acquiert ce domaine en société avec l'aide financière de son père et son frère, en entreprend la restauration, le remeuble de pièces anciennes, et confie au paysagiste Paul Duprat, disciple du célèbre Henri Duchêne, la création de nouveaux jardins « à la Française » inspirés d'un tableau de Jan Hackaert (1628 - après 1685) retrouvé dans le grenier d'un logis des environs ; le domaine, resté aux mains de ses descendants, est devenu un des principaux sites touristiques de la région.Vers 1905, il alerte le secrétaire d'État aux Beaux-Arts et l'opinion publique, par un célèbre article du Figaro du , sur la vente prochaine pour indivision du domaine de La Roche-Courbon, auquel le lient des souvenirs de jeunesse, et sur la probable disparition de la très ancienne forêt qui l'entoure, dont on veut tirer du charbon de bois…

Décès et testament

Atteint d'hémiplégie en 1921, il meurt à 73 ans, le  à Hendaye. Après des funérailles nationales, il est enterré dans le jardin de la « maison des Aïeules » à Saint-Pierre-d'Oléron. Cette vieille maison insulaire, à la demande de ses descendants qui y conservent une partie des collections familiales, peintures et objets, a fait l'objet d'une mesure de protection au titre des Monuments historiques sur avis favorable de la commission régionale du Patrimoine et des Sites du .


Loti prit ses dispositions pour que cette partie essentielle de lui-même soit préservée des mauvaises curiosités : « […] Léo te fera voir où se tient le journal de ma vie. En cas d'aventure, je te le confie, mais emporte-le au plus vite de la maison. » (Lettre à sa nièce Ninette, )Des fragments (1867-1878) de son Journal, préparés de son vivant, furent publiés après sa mort en collaboration avec son fils Samuel sous le titre Un jeune officier pauvre par Calmann-Lévy en 1923, qui édita en 1925 et en 1929, deux autres tomes (1878-1881 et 1882-1885) du Journal intime également élaborés par son fils.

« […] j'ai écrit dans mon testament que je désirais qu'il ne fût ouvert qu'une trentaine d'années après ma mort, c'est-à-dire que tu devras le toucher sans y jeter les yeux. […] Tout le journal intime de ma vie pour lequel j'ai donné des instructions spéciales à Samuel et à mes amis M. et Mme Louis Barthou. » (Lettre à son épouse, vers 1906)

Des éléments en furent perdus, prêtés sans retour, ou donnés ; Loti revoit son Journal en 1919, supprimant ou rendant illisibles certains passages, comme après lui son fils ou sa belle-fille15.

Il fut un temps vice-roi de l'Île des Faisans16. Un monument à sa mémoire, réalisé par le statuaire Philippe Besnard, a été érigé à Papeete.

Descendance légitime

Samuel Loti-Viaud épouse Elsie Charlier (morte en 1980), ils ont deux enfants :

  • Pierre Pierre-Loti Viaud, né le , mort en  ; il épouse le  Christiane Petitat avec qui il a trois enfants :
    • Clarisse Pierre-Loti Viaud, née le , médecin ;
    • Philippe Pierre-Loti Viaud, né le  et mort en 17;
    • Jean-Charles Pierre-Loti Viaud, né le  (décédé).
  • Jacques Pierre-Loti Viaud, né le , peintre sous le pseudonyme de « Jacques-Loti ». En 1952, il épouse Monique Thomas, avec qui il a cinq enfants :
    • Pierre-Yves Pierre-Loti Viaud, né en 1954, épouse le  Anne-Marie Tillies ;
    • Blanche Pierre-Loti Viaud, née en 1956, épouse le  Serge Dumas ;
    • Daniel Pierre-Loti Viaud, né le  ;
    • Alain Pierre-Loti Viaud, né le  ;
    • Muriel Pierre-Loti Viaud, née en 1962;
  • Jacques se remarie ensuite avec Jocelyne avec laquelle il a une fille : Amandine Pierre-Loti Viaud, née le .

Distinctions

Il reçoit la Croix de commandeur, puis, en 1922, la Grand-Croix de l'ordre national de la Légion d'honneur7.

Témoignages de contemporains

Vers 1890, à une réception des Boutelleau à Barbezieux (Charente) :

« Un jour il m'a amené à la gare chercher Pierre Loti qui venait pour un bal ; nous l'avons aperçu dans son compartiment de troisième classe, causant avec ses voisins, car il aimait le peuple. Le soir, il ne parla à personne, et se tint debout sous un palmier du salon, gonflant sa poitrine couverte de médailles. Le lendemain matin, il disparut à l'aube, et on trouva son lit parsemé de violettes. »

— Jacques Chardonne, L'Amour du prochain18

Vu en  par une admiratrice charentaise de 22 ans :

« vendredi dernier, j'eus l'heur de voir Pierre Loti pour la première fois ! La rencontre s'est opérée chez lui-même et je connais enfin ce maigre grand homme qui, à son grand désespoir, est toujours un homme fort petit malgré ses hauts talons (…). Ce qui m'a paru le plus curieux toutefois ce n'est pas l'académicien en habit noir (hélas il est tout simplement comme un autre !) mais sa maison est réellement originale […]. Les jeunes filles, pendant la soirée, se tiennent sur une galerie qui donne dans la pièce (la salle Moyen Âge) et d'où l'on voit et entend la voix de Pierre Loti qui n'est ni très forte ni très jolie mais qui n'est pas désagréable […]. Il a acheté la maison de la rue Thiers qui communique avec la sienne et y a installé tout un appartement saintongeais. Il a inauguré cet appartement par une fête très jolie, saintongeaise bien entendu (…). Ce soir ce sera la dernière (réunion) car l'académicien part dans quelques jours pour l'Orient : Égypte, Palestine, Turquie. Espérons qu'il rapportera encore un joli ouvrage. »

— Suzanne Gorron, Lettre du 19 janvier 189419

En , déjeunant chez la princesse Alice de Monaco dans son château de Haut-Buisson (Sarthe) :

« Loti avait la figure fardée de rose et portait pour se grandir des talons échasses. Dans son étrange visage luisaient des yeux admirables couleur d'aigue-marine, d'une profondeur mystérieuse voilée d'inquiétude. Ce regard lointain, comme perdu dans un rêve, était troublant. Il parlait peu, mais quand il narrait, il le faisait avec la poésie colorée, inimitable qui rappelait ses livres prestigieux dont le charme appartient à l'éternité. »

— Gabriel-Louis Pringué, 30 ans de dîners en ville20

Vers 1920, Il se rend en audience chez Georges Clemenceau, qui avait refusé de le revoir alors que l'écrivain était au zénith de sa gloire ; mais pendant la guerre de 1914-1918, Loti « avait empoigné le tambour et l'olifant, sonné la charge, magnifié les poilus, et encensé Clemenceau auquel il écrivait des lettres-fleuve ». Le « Père-La-Victoire » voulut bien le recevoir dans sa villégiature estivale de Saint-Vincent-sur-Jard (Vendée). Loti était venu demander la Légion d'honneur pour un grand-oncle de 94 ans, ancien cavalier blessé à Reichshoffen. « Le Tigre » qui, selon son expression, n'aimait pas les tatas, le traita avec son ironie mordante coutumière… Son valet de chambre, Albert Boulin, a décrit ainsi l'illustre visiteur :

« Un petit homme noir et blanc en pelisse et casquette d'automobiliste […] ôta son dolman et découvrit une vareuse très collante constellée de décorations […] J'imaginais un marin de haut bord et non ce petit homme fardé, poudré, frisé, les lèvres peintes et les oreilles trouées d'anneaux d'or, au parfum violent de Patchouli, benjoin et poudre de riz. Les paupières étaient passées au khôl […] ce vieux monsieur déguisé en cocotte […] au sourire ambigu. En dépit de son déguisement, il émanait de lui, à part le vétiver, un charme indéfinissable. »

— Gilbert Prouteau, Le Dernier Défi de Georges Clemenceau21

Chardonne, autre écrivain charentais qui participa le  à une émission sur Loti, eut sur lui ce mot qui peut résumer son existence : « Il n'était à l'aise ni dans la vie, ni dans la gloire. »

Analyse[modifier | modifier le code]

Chacun de ses romans correspond à un pays différent. C'est une étude sur chaque pays. Il s'immerge dans la culture où il voyage. Il a une vision de l'altérité qui n'est pas intellectuelle mais sensible (sensations éprouvées). Selon lui, il n'y a plus rien à faire chez nous ; c'est ainsi qu'il part à l'étranger pour trouver de quoi s'exalter (vision nihiliste du monde).

Sa plus grande fascination allait à l'Empire ottoman, où la tolérance se confond avec la sensualité. Les femmes sont le passage obligé pour connaître l'autre civilisation. Pierre Loti recherche l'exotisme à travers les femmes. Il est en quête d'une certaine pureté dans le contact avec les femmes étrangères (mythe d'une pureté primitive qui doit régénérer le monde occidental). L'exotisme de Loti n'est pas un dialogue avec l'autre : il se fond plutôt avec l'autre, il ne s'agit donc pas de tolérance.

Loti et l'homosexualité

Les frères Goncourt évoquent Loti en disant de lui : « Cet auteur, dont l'amante, dans son premier roman, (Aziyadé), est un monsieur…22 ». Dans Mon frère Yves, Pierre Loti décrit l'amitié entre Yves Kermadec et l'officier, mais évoque les pratiques homosexuelles de personnages secondaires. La presse de l'époque ne s'y trompait pas : le journal satirique Le Rire publia un dessin montrant une dame du monde disant à un ami : « Vous venez dîner, n'est-ce pas ? Nous avons Loti et son nouveau frère Yves ».

Analysant son Journal intime23, Nicolas Bauche souligne « un désir de cacher ses amitiés masculines avec Joseph Bernard et Pierre Le Cor, au profit de pages versant dans une hétérosexualité franche »24.

Loti et ses parti-pris

Comme beaucoup de ses contemporains élevés dans la détestation des « levantins », Loti était turcophile, hellénophobe, arménophobe, antisémite et russophobe. En 1894, il publie Jérusalem, à la suite d'un voyage en Palestine ottomane. Il y évoque « des vieillards à l'expression basse, rusée, ignoble » qui vivent « dans ce cœur de la juiverie » et des habitants marqués par l'« indélébile stigmate d'avoir crucifié Jésus »25. « Ces propos antisémites très sulfureux […] sont, hélas !, d’époque… »26. En 1918, il publie Les Massacres d'Arménie, un plaidoyer déchargeant des Turcs de la responsabilité des génocides arménien et grec pontique, qui mobilise la Saint-Barthélemy, l'animosité russe, les guerres balkaniques et l'amitié sans faille de la Turquie avec la France