Américaine de naissance, Winnaretta Singer (1865-1943) était millionnaire à l'âge de dix-huit ans, héritière d'une part conséquente de la fortune des machines à coudre Singer. Son mariage en 1893 avec le prince Edmond de Polignac, compositeur aristocrate, lui a ouvert les portes de l'élite de la société française. Après le décès de son mari en 1901, Winnaretta a mis sa fortune au service des arts, des sciences et des lettres.
Son domaine de prédilection était la musique. Elle a subventionné de nombreux artistes (N. Boulanger, C. Haskil, A. Rubinstein, V. Horowitz…) mais aussi de grandes formations artistiques (les Ballets russes, l'Opéra de Paris, l'Orchestre symphonique de Paris…). Passionnée par la musique moderne, elle a commandé de nouvelles œuvres à des compositeurs alors inconnus, pour qu'elles soient jouées dans son salon musical. La liste des œuvres créés pour elle est aussi longue qu'extraordinaire : Renard de Stravinsky, Socrate de Satie, El Retablo de Maese Pedro de Falla et le concerto pour deux pianos de Poulenc figurent parmi les titres les plus connus.
Son salon était, en outre, un lieu de rendez-vous pour les grands visionnaires de la culture française tels que Proust, Cocteau, Monet, et Diaghilev. Colette, grande amie de la maison, y préparait souvent son célèbre vin chaud. Nombre des descriptions de salons musicaux dans l'œuvre de Proust ont été directement inspirées par les concerts qui avaient lieu chez la princesse de Polignac.
Sylvia Kahan donne vie à cette femme hors normes, dont l'amour pour les arts a eu une influence incommensurable sur le monde musical et littéraire du XXe siècle.