Ficelles. Didier POURQUIE.

Confluences. Année 2005. 

Format 140 x 210. Broché . 172 pages.

Très Bon état.  Un tampon en 1ere page de garde (festival du 1er roman de Chambéry).

Un homme sort d’un hôpital psychiatrique. C’est un homme sans visage, sans nom, étranger à lui-même et aux autres. Il semble ne plus rien ressentir et accomplit les gestes du quotidien compulsivement. Il ne supporte pas les autres, leur compagnie, le bruit qui les entoure, leur odeur. Et quand sa famille vient le récupérer à l’hôpital, c’est en parfait étranger qu’il les considère.

Un seul moment d’humanité s’inscrit régulièrement dans le récit.  C’est celui des absences répétées dont il est victime et qui l’interpellent. Il souhaite comprendre ce qui lui arrive et ne semble terrifié que par ces moments où il  ne contrôle plus rien.

S’ensuit ce qui semble être une quête, la quête de la vérité autour de la mort de sa femme. Se rendant sur les lieux du meurtre, il croisera, sur sa route, une jeune femme. Elle sera son port d’attache, face aux sentiments violents qui vont l’assaillir. L’arrivée sur les lieux du crime est si violente qu’il s’évanouira. Une absence. Pas la première. Elles semblent de plus en plus fréquentes et le laissent fiévreux. Surtout, très vite, il comprend qu’un autre prend sa place.

Ceux qui lui donnent de multiples détails sur la tuerie réveillent en lui l’autre, qui sommeillait ? La violence dont il fait preuve est inhumaine.


« Parce qu’il est impossible de faire du mal à ce qui n’est pas chair, mais minéral, à ce qui n’est pas souffle mais silence et mort. Cet homme était déjà mort, il était la mort. »


Les éléments d’une vendetta se distillent pour, bientôt, ne laisser la place qu’à la vengeance froide et intentionnelle. Elle pousse cet homme vers le dernier acte de son histoire. Le patron du bateau où a été tuée sa femme abrite, en sa demeure, l’homme. Sans savoir qui il est, il lui donne du travail, tente de comprendre et le soigne lors de ses absences. L’autre s’insinue dans la tête de l’homme, prend une place toujours plus grande, ne laissant aucun souvenir lorsque ce dernier reprend conscience.


C’est en pleine possession de lui-même qu’il accomplit la vengeance finale, où les trois hommes en noir sont assassinés de sang froid dans une mise en scène macabre. Accrochés à des cordes, les corps flottent comme ceux de marionnettes que notre homme sait manier.

Retour à l’humanité pour ce monstre ? Débarrassé de ses démons, il décide de se regarder dans un bout de verre qu’il a emporté dans sa poche. Se regarder dans le miroir, c’est s’accepter ; c’est être délivré de l’autre ?


Héros et parfois narrateur, celui que l’on compare souvent au Meursault de Camus hante les pages de ce livre sans jamais nous permettre d’accéder à une véritable réponse. Le roman de Didier Pourquié n’est pas un roman policier, il ne nous donne aucune piste, nous laissant seul juge de celui qui a vécu le pire mais qui commet l’irréparable. Cette absence de réponse nous permet de poursuivre un petit bout de chemin avec celui qui a tout perdu.