Le lecteur découvrira entre ses mains un ouvrage éclectique qui met sur un même plan l'érudition scientifique de certaines contributions, qui restent pourtant fortement imprégnées de la sensibilité caractéristique de l'oeuvre d'Ilda Tomas, et l'expression des affects les plus intimes. Par le choix du classement alphabétique des contributions, nous avons voulu reproduire les ponts maintes fois tendus par Ilda entre le monde intellectuel et la cité, où les mots sont employés pour assurer la transmission du savoir, du vécu, de l'amitié, de l'amour sous toutes ses formes. Vient clore l'ouvrage une lettre de l'un des poètes les plus admirés par Ilda, René Depestre, dont l'oeuvre et l'amitié ont fait les délices intellectuelles et personnelles d'une femme avide de lecture, d'écriture, de rencontres, et un poème de Giovanni Dotoli.

Ce livre-hommage trace, en définitive, les rencontres qu'Ilda a faites de part et d'autre des Pyrénées, sans autre prétention que de manifester la profonde affection de celles et ceux qui l'ont aimée.

C'était hier, et il y a pourtant plus de trente ans qu'Ilda Tomas est arrivée à Grenade. Elle débutait son métier dans l'enseignement supérieur en Andalousie, après une brève expérience dans l'enseignement secondaire dans la banlieue parisienne. Passionnée de littérature, de mots, de lecture, elle était aussi discrète et jalouse de son intimité que généreuse, aimante, attentionnée. Femme de lettres, elle était surtout femme, infiniment humaine.

Sa présence, son sourire et son rire rendaient paisible un monde professionnel, un monde tout court, dans lequel certains ne font que se croiser sans jamais se connaître, ni même désirer rien savoir sur autrui. Professeure inspirante pour ses étudiants, elle l'a de même été pour celles et ceux qui l'ont croisée dans le milieu académique. Si elle a écrit pendant longtemps, Ilda n'a publié ses travaux critiques que très tard dans sa carrière, au moment où elle s'est aussi laissé prendre au jeu de l'écriture littéraire. Très exigeante avec elle-même, ses textes sont ceux d'une artisane de la langue : minutieuse, scrupuleuse, passionnée, toujours insatisfaite...

Proche des hommes et des femmes, elle était surtout proche de la nature, des animaux. Elle était sauvage sans le savoir, sauvage de liberté, d'amour pour ceux qui l'entouraient et qu'elle aimait sans mesure, parfois avec maladresse, toujours avec intensité, sans limites.

Elle nous a quittés le 21 février 2019.

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