COCTEAU, Jean (1889-1963)
Deux lettres autographes signées « Jean Cocteau » à
Henri Duvernois
S.l.n.d, c. 1912, 2 p. in-4°
Traces de pliures d’époque, infimes déchirures en marge inférieure de l’une des
deux lettres
Deux rares lettres de jeunesse de
Cocteau à son ami Duvernois et évoquant La Danse de Sophocle, son troisième
recueil poétique, qu’il finira par renier
« Cher Duvernois,
Je termine “La bonne infortune” et j’arrive comme les carabiniers car je ne
lis guère le journal. C’est si beau que je sentais le merveilleux malaise des
larmes aux pages les moins pathétiques ! Chaque phrase émeut de déconcerte à
force d’être simple et neuve ! On se retrouve sans cesse et c’est le comble de
l’art !
J’ai lu de la première ligne à la dernière sans regarder autour de moi.
J’étais partout où votre fantaisie m’emportait.
Je suis fier de vous serrer les mains.
Jean Cocteau »
« Cher Duvernois
On me remet à la seconde Fifinoiseau – J’emporte chez Simone [Benda] où
je passe quelques jours […] Je vous écrirai tout de suite après la
lecture.
Mettez-moi au pieds de Madame Duvernois.
De tout cœur
Jean Cocteau
P.S. Pas un article sur la “Danse” [de Sophocle]. C’est
tout de même drôle !
Issu d’une riche famille parisienne ayant soutenu sa
carrière artistique, Cocteau publie son premier recueil de poèmes à compte
d’auteur en 1909, La Lampe d’Aladin, inspiré des Mille et
Une Nuits. Il se fait alors connaître dans les cercles artistiques bohème,
comme Le Prince Frivole. C’est d’ailleurs le titre de son second recueil de
poèmes, paru en 1910. Son troisième recueil poétique, La Danse de Sophocle,
parait en 1912. Il reniera plus tard ces trois travaux de jeunesse.
Plus tard, sa rencontre avec Serge Diaghilev, qu’il veut étonner, marque la
première crise dans son œuvre : il renie ses recueils de poèmes et se rapproche
de l’avant-garde cubiste et futuriste.