PRINCE IMPÉRIAL, Louis-Napoléon Bonaparte (1856-1879)
Lettre autographe signée « Louis-Napoléon » [à Marie
Trotter, selon une note autographe annexe]
Camden Place, Chislehurst (Kent), le 25 mars 1871, 1 p. in-8° sur bifeuillet
vergé
Touchante lettre, en remerciement des
souhaits de sa correspondante à l’occasion de son quinzième anniversaire –
Louis-Napoléon en profite pour donner des nouvelles de son père l’Empereur
Napoléon III, tout juste libéré de sa captivité par Bismarck
« Madame,
Je vous remercie de cette aimable lettre que vous m’envoyez pour mon jour de
naissance, je la garderai précieusement comme tout ce qui vient de vous. Vous
savez trop combien je vous aime pour que je sois obligé de vous dire tout ce
que je vous souhaite.
Grâce à Dieu l’Empereur est à présent au milieu de nous, je l’ai revu en
bonne santé et vivement ému ainsi que nous tous du sympathique accueil qu’il
avait reçu de la nation anglaise.
Croyez, Madame à mes sentiments bien affectueux.
Louis-Napoléon »
Napoléon III venait d’être libéré de sa captivité par
Bismarck, le 19 mars 1871, suite à la cuisante défaite des troupes française à
Sedan, un an et demi plus tôt. Après avoir rejoint les siens à Camden Place, au
sud-ouest de Londres, l’empereur déchu recevra rapidement de nombreuses visites
prestigieuses, à commencer par celle de la reine Victoria. Ce chaleureux
accueil de la nation anglaise évoqué ici fait contraste avec le sort réservé en
France, au même moment, à la famille impériale : Le 1er mars 1871,
l’Assemblée Nationale qui s’est réunie à Bordeaux, vote la déchéance officielle
de Napoléon III et de sa dynastie, le déclarant « responsable de la ruine, de
l’invasion et du démembrement de la France ». Seuls six parlementaires votent
contre. L’Empereur ainsi déchu proteste, accusant l’Assemblée d’outrepasser ses
pouvoirs, de se substituer à la volonté de la Nation et réclame un plébiscite.
La Troisième République allait cependant devoir gérer une crise autrement
grave, la Commune de Paris ayant débuté le 18 mars, soit une semaine avant la
rédaction de cette lettre.
Provenance :
Ancienne collection Jean-Claude Lachnitt
Bibliographie :
Le Prince Impérial Napoléon IV, éd. J-C Lachnitt, Périn, 1999, p. 161
(partiellement transcrite)