Excerpt from Guelfes Et Gibelins, Vol. 1: La Lutte du Sacerdoce Et de l'Empire (1152-1250) (Classic Reprint)



Cependant, combien peu développé demeure encore le sentiment national! Au xiie et au xiiie siècle, l'eur0pe se trouve émiettée en une poussière de fiefs et les féodaux ne sont guère des féaux; pour eux, la patrie, n'est — ce pas d'abord et principalement les châteaux — forts qui consti tuent leur bien propre? Ils ont un patriotisme de donjon qui singulièrement l'emporte sur tout autre; souvent la force impériale pèse sur eux comme une menace d'0ppres sion, et ils sont libertaires. Dans cet état d'égoïsme anar chique, on devait voir fréquemment des seigneurs en lutte avec l'empereur; alors, en Allemagne, comme en France et partout, on_guettait les moments de faiblesse du pou voir central. Quelle merveilleuse occasion de se révolter avec chance de succès, quand l'empereur chevauchait au loin, qu'il usait ses forces restreintes à guerroyer contre les Lombards, ou encore simplement quand son prestige subissait les atteintes desexcommunications poutificaleè! Alors voyait-ou des seigneurs allemands devenir partisans du pape, et ce ne fut pas la moindre raison de l'échec des ambitions impériales que ce guelfisme plus ou moins latent en Germanie, tout prêt à éclater en insurrection au premier revers du Staufen. L'empereur ressemblait tou jours à un général qui entreprendrait une audacieuse marche en avant sans être sûr que ses derrières sont bien gardés.